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Trois jours plus tard, le Reichsführer, complètement guéri de sa crise, demanda sèchement à Kersten :

— Est-il vrai, ainsi que m’en informent mes agents de Hollande, que vous avez conservé votre maison à La Haye ?

Himmler prit à deux mains les verres de ses lunettes à monture d’acier et se mit à les faire monter et descendre sur son front : c’était chez lui un signe de colère. Il reprit avec violence :

— Cela doit cesser. Il est impossible que vous possédiez un domicile à La Haye. Je vous ai averti plus d’une fois : le parti national-socialiste de Hollande et son chef sont terriblement montés contre vous à cause des relations que vous avez eues là-bas et que vous continuez d’avoir.

Le va-et-vient des lunettes s’accentua sur le front de Himmler.

— Vous pensez peut-être, s’écria-t-il, que nous ignorons les lettres que vous recevez, et de qui elles sont ? Je ne veux plus vous couvrir davantage. Liquidez-moi cette maison.

Kersten comprit que toute discussion serait inutile et même dangereuse. Il connaissait maintenant à fond le comportement de son malade. Rendu à la santé, Himmler ne se laissait plus influencer par lui et se montrait, même à l’égard de son docteur-magicien, aussi fanatique et intraitable que pour tout autre.

Il fallait obéir.

Devant cette nécessité, deux sentiments tout à fait contraires assaillirent Kersten. Il éprouvait un chagrin profond à se séparer du logis qui avait abrité ses années les plus heureuses dans un pays auquel l’attachaient les liens les plus forts et les plus doux. En même temps, il découvrait, dans l’accomplissement de ce chagrin, l’occasion unique de retrouver ce pays qui lui était interdit.

— Je ferai ce que vous voulez, dit-il à Himmler. Seulement, il est indispensable que je dirige moi-même le déménagement.

— D’accord, grommela Himmler. Mais je vous donne dix jours et pas un de plus. Et partez tout de suite.

Le 1er septembre, Kersten, muni des papiers nécessaires, était à La Haye. Son émotion à retrouver une ville qu’il aimait tant fut encore plus grande qu’il ne s’y était attendu. Chaque rue, chaque détour lui rappelaient quelque souvenir faste. Travail, honneurs, amitiés, douces aventures, tout lui avait réussi en ces lieux, tout lui souriait d’un passé encore proche. Mais cette joie fut de courte durée. De la gare même, Kersten dut aller chez le grand chef de la Gestapo en Hollande. C’était un Autrichien du nom de Rauter, bestial et retors à la fois. Il reçut Kersten avec une rudesse qui confinait à la grossièreté. Le docteur frémit en pensant que la liberté et la vie de millions d’hommes et de femmes dépendaient de son arbitraire.

Kersten avait obligation de se présenter au bureau de Rauter chaque jour. Ainsi en avait décidé Himmler lui-même. « Question de politesse », avait-il dit au docteur, mais d’un ton qui ne cherchait même pas à dissimuler qu’il plaçait Kersten sous une surveillance étroite. La seule perspective d’avoir à se rendre quotidiennement chez ce personnage assombrit à l’avance pour Kersten son séjour à La Haye.

Pourtant, il ne savait rien encore de la manière dont Rauter exerçait son pouvoir. Il l’apprit dès qu’il eut gagné sa maison et donné quelques coups de téléphone. Des amis affluèrent et chacun avait une histoire plus atroce que l’autre à raconter sur la situation désespérée où l’occupation allemande avait, par l’initiative et l’intermédiaire de la Gestapo, placé le pays. Arrestations, famine, déportations, tortures, exécutions sommaires, une fresque de cauchemar se développait devant Kersten.

Il écouta longtemps sans rien dire.

On ignorait en Hollande sa situation auprès du maître des S.S. et de la Gestapo. Il fallait être prudent. Mais quand la plupart de ses visiteurs l’eurent quitté et qu’il fut entouré seulement de quelques hommes dont il était pleinement sûr, Kersten parla sans réserve.

— Je crois avoir acquis une certaine influence sur Himmler, dit-il. Envoyez-moi donc régulièrement des lettres pour m’informer sur tout ce que vous pourrez apprendre : détentions injustifiées, vols, pillages, supplices.

— Mais comment expédier un courrier aussi compromettant sans risques terribles pour nous et pour vous ? demandèrent ses amis.

— Vous n’avez qu’à l’envoyer, dit Kersten, au Secteur Postal Militaire n°35360.

Une voix s’éleva, incrédule, craintive :

— Et le secret sera…

— Absolu, j’en réponds, dit Kersten.

Le ton interdisait toute question nouvelle et, en même temps, commandait la confiance.

Peu après, ses amis le laissèrent.

 

La certitude exprimée par Kersten n’avait rien de hasardeux. Le numéro postal qu’il venait d’indiquer était, en effet, celui de Himmler lui-même. Ce privilège exorbitant avait été obtenu, comme il arrive souvent pour les réussites les plus invraisemblables, avec une extrême facilité.

Avant de quitter Berlin, Kersten, qui prévoyait combien il pouvait lui être utile de mettre sa correspondance à l’abri des censeurs et des espions, avait dit à Rudolph Brandt, sur un ton de confidence gênée, qu’il allait retrouver en Hollande plusieurs femmes avec lesquelles il avait eu des relations amoureuses. Ces femmes, il était sûr qu’elles allaient lui écrire. Et Brandt devait comprendre, Kersten en était persuadé, combien il était déplaisant pour lui de penser que des lettres d’amour seraient lues par des censeurs. Surtout, avait ajouté Kersten, que personne, jamais, n’était à l’abri de l’indiscrétion et que sa femme risquait d’apprendre l’existence de ses liaisons.

Alors Brandt, qui ne cachait plus une vive amitié pour le docteur, lui avait dit : « Prenez donc le secteur postal de Himmler. C’est moi qui trie le courrier, je vous donnerai vos lettres. » Et comme Kersten demandait si le moyen était vraiment sûr, Brandt avait répondu : « C’est le seul numéro en Allemagne qui soit inviolable. »

Mais Himmler donnerait-il son accord ?

— J’ai de bonnes raisons pour le croire, avait dit Brandt en souriant.

Il comptait sur une faiblesse du Reichsführer, bien connue dans son entourage, et souvent moquée par les officiers S.S. de haut rang. Himmler, ce pédant chétif et malingre, étriqué au moral comme au physique, dont la vie était strictement, petitement réglée entre ses dossiers, son régime alimentaire, son épouse et sa maîtresse d’une égale insignifiance, rêvait d’être en personne le surhomme dont il voulait faire le prototype de l’Allemand : athlétique, guerrier, mangeur et buveur intrépide, étalon inépuisable pour la reproduction de la race élue.

Parfois il essayait de vivre ce rêve. Il convoquait son état-major pour des exercices de gymnastique auxquels il prenait part. La misère de ses muscles, sa gaucherie, sa raideur faisaient alors de lui une silhouette risible et clownesque, une sorte de « Charlot parmi les S.S. ». Ses mouvements étaient la caricature de ceux qu’exécutaient en même temps que lui des corps violents et souples, rompus, endurcis à toutes les épreuves.

Le contraste était si manifeste que le Reichsführer finissait par s’en rendre compte et retournait avec un acharnement redoublé à son travail, à ses rapports secrets, à la liste interminable de ses victimes, au sentiment de ses pouvoirs terribles.

Mais l’image du héros charnel, dont il souffrait tant qu’elle ne fût pas la sienne, continuait à nourrir son esprit de songes exaltés.

Cette frustration chronique, organique, servit à merveille les desseins de Kersten.

Du prétexte que le docteur avait inventé pour assurer le secret de sa correspondance – histoires de femmes à cacher – Himmler tira un plaisir extrême.

Dès qu’il fut informé par Brandt, il en parla à Kersten avec approbation et chaleur. Par-là, un rapport nouveau s’établissait entre eux. Ce n’était plus celui de malade à médecin, mais d’homme à homme, de mâle à mâle, complices en leur virilité – et comme l’auraient fait deux reîtres de la Vieille Allemagne.

Pour tromper un rêve qu’il ne pouvait exaucer, Himmler, qui se méfiait de tout et de tous, accorda joyeusement à Kersten l’asile tabou de son Secteur Postal.

 

Cette extraordinaire faveur permit à Kersten d’organiser en quelques jours un véritable réseau de renseignements personnels en Hollande. Il avait des informateurs partout ; il choisit les plus discrets, les plus avertis, pour correspondre avec lui.

Kersten avait passé cinq jours à La Haye, c’est-à-dire la moitié du temps que Himmler lui avait accordé, quand arriva chez lui, de très bonne heure, et alors qu’il était encore couché, un ami à bout de souffle qui balbutia :

— Docteur, docteur, la police allemande entoure depuis l’aube la maison de Bignell, perquisitionne et menace de l’arrêter.

Bignell était antiquitaire et commissaire-priseur. Kersten avait acheté ses meilleurs tableaux de maîtres flamands par son intermédiaire et s’était pris pour lui d’une grande sympathie.

Il se leva, s’habilla, saisit sa canne, monta dans le premier tramway à sa disposition, gagna la maison de l’antiquitaire. La police, en effet, la cernait et en interdit l’entrée à Kersten. Il monta dans un autre tramway et se rendit au Quartier Général de la Gestapo en Hollande, chez Rauter, le grand chef.

Celui-ci vit entrer le docteur sans étonnement : Kersten avait à se présenter à lui chaque jour.

À l’ordinaire, Kersten écourtait le plus possible l’odieuse formalité. Il entrait et, aussitôt après un grognement qui servait de salut à Rauter, s’en allait. Cette fois, il ne quitta pas les lieux aussi vite. Une fois observés les rites habituels, il dit d’un ton neutre :

— J’ai voulu rendre visite, ce matin, à mon ami Bignell, mais on perquisitionnait chez lui et on m’a empêché de pénétrer dans la maison.

— C’est un ordre, dit Rauter en fixant sur Kersten ses yeux cruels. Un ordre de moi. Bignell est un traître en rapport avec Londres. Après la perquisition il ira en prison (Rauter eut un sourire glacé) où je l’interrogerai.

En arrivant au siège de la Gestapo, Kersten s’était promis de rester maître de ses nerfs. Mais la perspective de ce qui attendait son ami, homme d’âge mûr, et de santé précaire, le fit frémir. Il dit d’un seul mouvement :

— Je garantis son innocence, il n’a rien fait contre les Allemands, libérez-le.

Une expression d’incrédulité passa sur le visage de Rauter. Quoi ! Un étranger, un suspect, soumis à son contrôle quotidien, se permettait de donner des avis, presque des ordres ! Il frappa du poing contre la table et se mit à hurler :

— Libérer un salaud ? Pour rien au monde, et surtout pas après votre demande. Et un bon conseil : mêlez-vous de vos affaires, sinon, gare !

La colère engendre la colère. Kersten, si calme à l’ordinaire, se sentit soudain enragé. Il ne pouvait pas accepter de telles insultes. Il devait mater, humilier cette brute. N’importe comment !

Des remous de la fureur une idée surgit, que, en tout autre temps, il eût jugée folle. Mais sa rage lui donna l’impulsion qu’il fallait pour la suivre. Il demanda froidement :

— On peut téléphoner d’ici ?

Rauter s’attendait à tout, sauf à cela.

— Évidemment, dit-il.

— Très bien, dit Kersten. Demandez-moi Himmler, à Berlin.

Rauter quitta son fauteuil d’un bond. Il cria :

— Mais c’est impossible. Im-pos-si-ble. Même pour moi. Quand je veux téléphoner à Himmler, je dois passer par Heydrich, le chef de tous nos services, vous comprenez, et vous, vous n’êtes rien qu’un civil sans titre, sans mission.

— Essayez toujours, on verra, dit Kersten.

— D’accord, dit Rauter.

On allait voir, en effet, comment serait châtié, pour atteinte aux règlements les plus rigoureux, ce gros médecin infatué de lui-même jusqu’à l’impudence.

Rauter décrocha le téléphone, transmit la demande de Kersten et fit semblant de s’absorber dans ses dossiers.

Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées que la sonnerie crépita. Rauter prit l’écouteur avec un rictus de mauvais augure. On allait bien voir, en vérité…

Une surprise qui tenait de la panique envahit ses traits. Il poussa l’appareil vers le docteur. Himmler était au bout du fil.

Si Kersten l’avait pu, il eût annulé son appel. L’attente lui avait permis de réfléchir. Il connaissait Himmler et sa détermination aveugle à couvrir les chefs de ses services.

La démarche qu’il entreprenait n’avait pas la moindre chance de réussite. Mais il n’était plus de recul possible.

Alors Kersten se rappela Bignell et les tourments qui lui étaient promis. La colère lui revint. Il saisit le téléphone et dit presque avec violence :

— Un de mes meilleurs amis vient d’être arrêté, je me porte garant pour lui, faites-moi plaisir, Reichsführer : qu’on suspende l’affaire.

Himmler ne semblait pas avoir entendu le docteur.

Il demanda d’une voix dolente et fébrile à la fois :

— Quand revenez-vous ? J’ai très mal.

Kersten éprouva un soulagement immense. Le sort se déclarait pour lui. Himmler souffrant et qui appelait son guérisseur à l’aide n’était plus pour Kersten le bureaucrate fanatique et souverain du supplice et de l’extermination. C’était l’autre Himmler, la pauvre pâte humaine, malléable à volonté, le drogué prêt à tout pour sa drogue.

— Mon délai de séjour ici n’expire que la semaine prochaine, dit Kersten, et si mon ami est arrêté, je reviendrai à Berlin complètement abattu.

— D’où téléphonez-vous ? cria Himmler.

— Du bureau de Rauter, dit Kersten.

— Passez-le-moi, vite ! ordonna Himmler.

Le chef de toute la Gestapo des Pays-Bas prit l’écouteur, debout, les talons joints, le buste raide, le visage figé. Pendant toute la conversation, il conserva cette attitude. Et tout ce que Kersten entendit fut :

— À vos ordres, Reichsführer !

— Reichsführer, à vos ordres !

Puis Rauter donna de nouveau le téléphone à Kersten, et Himmler dit à ce dernier :

— Je vous fais confiance. Votre ami sera libre, mais rentrez, rentrez le plus vite possible.

— J’obéis de tout cœur et c’est de tout cœur que je vous remercie, dit Kersten.

La communication fut coupée. Il y eut entre Kersten et Rauter un long et profond silence. Les deux hommes se regardaient fixement et comme sans se voir, en proie à un étonnement qui suspendait en eux l’exercice des sens. Mais, tandis que chez Rauter la stupeur était simplement celle de l’humiliation et de l’impuissance, il s’agissait de bien autre chose pour Kersten.

Certes, il lui était déjà arrivé d’arracher une victime à Himmler : le vieux contremaître de Rosterg. Mais l’occasion avait été vraiment unique. Il avait, en fait, échangé le montant de ses honoraires contre la liberté d’un homme. De plus, l’affaire avait eu lieu en Allemagne, et le pauvre vieux n’était coupable que d’appartenir au parti social-démocrate. Ici, quelle différence ! Bignell était accusé d’un crime de haute trahison. Et par qui ? Par Rauter lui-même, le grand maître de la Gestapo de tous les Pays-Bas. Et il avait suffi à Kersten d’un mot pour l’emporter sur lui.

Le docteur passa lentement une main sur son front buriné. Il ressentait une sorte de vertige.

Enfin Rauter rompit le silence.

— Himmler m’a donné l’ordre de libérer Bignell, dit-il. Moi, je sais que Bignell est un traître, mais un ordre est un ordre. Je vais vous donner une voiture et l’un de mes hommes de confiance. Allez le chercher vous-même.

Rauter avait parlé à son ordinaire, brutalement. Il dut se souvenir du crédit que Kersten avait auprès de Himmler, car il obligea son visage à la grimace de l’amabilité et demanda :

— Cela vous fait plaisir ?

— Beaucoup, et je vous en remercie beaucoup également, dit Kersten.

Ni la rudesse de Rauter, ni sa colère n’avaient effrayé Kersten, mais le sourire forcé auquel les yeux cruels ne prenaient aucune part lui donna un profond malaise : cet homme ne pardonnerait jamais.

Rentré chez lui après avoir libéré Bignell, Kersten ne laissa pas un moment de répit aux gens qui travaillaient dans sa maison. En vingt-quatre heures, tout fut mis en caisses. Cependant, quand il prit le train pour Berlin, Kersten n’emmena rien avec lui et laissa ouverte sa demeure de La Haye, contrairement aux ordres de Himmler. Il voulait se ménager un prétexte pour revenir.

Himmler en fut averti aussitôt par Rauter, mais sans doute se sentait-il trop malade et avait trop besoin de Kersten pour prendre ombrage de sa désobéissance. En tout cas, il ne lui en dit pas un mot.

 

Les Mains du miracle
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